Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/67

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largeur qui manque presque toujours aux paysages bretons.

Et d’ailleurs la pauvre forêt de Rennes ne saurait opposer que quelques gentilhommières inconnues ou le clocher ignoré d’une église de village au royal château bâti par les Valois et à la noble abbaye de Prémontré.

Il y avait une heure que la cavalcade avait quitté l’avenue de Villers-Cotterets ; elle avançait lentement : les gentilshommes caracolaient aux portières des carrosses qui roulaient sans bruit sur le gazon des allées. Philippe d’Orléans causait avec Mme  de Carnavalet par la portière.

Tout à coup, à un détour de la route, deux cavaliers apparurent et se postèrent au milieu du chemin, de manière à barrer le passage.

C’étaient deux hommes de haute taille et d’athlétique carrure. Leur costume, qui ne ressemblait en rien à celui de l’époque, était gris de poussière.

Le plus vieux de ces deux inconnus se tourna vers un paysan monté sur un bidet qui lui servait de guide et se tenait à distance respectueuse, et lui demanda tout haut :

— Lequel de ces gens est le duc d’Orléans ?

Le paysan montra du doigt le prince et s’enfuit.

L’inconnu poussa droit au régent qui recula instinctivement et porta la main à son épée. Les courtisans, un instant paralysés par la surprise, se jetèrent au-devant de leur maître.

Quelques dames songèrent d’abord à s’évanouir, mais