Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/66

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présent qu’il appréciait surtout à cause de son origine britannique, car le régent était Anglais de cœur.

Tous les historiens s’accordent à dire que Philippe d’Orléans avait un fort beau visage ; ses portraits d’ailleurs en font foi. Quand il voulait bien mettre de côté ses allures abandonnées, on reconnaissait en lui le descendant des rois, et il pouvait faire figure de prince.

Ce jour-là, se trouvant d’humeur gaillarde, il se mit en selle avec aisance, et tout aussitôt la cavalcade s’ébranla.

Entre la sauvage forêt de Rennes et les massifs artistement percés de Villers-Cotterets, il y avait plein contraste. C’étaient bien encore ici de grands bois à l’opaque ombrage, des chênes haut lancés, des couverts à égarer une armée, mais la main de l’homme se faisait partout sentir.

Il fait bon pour une terre être domaine de prince. Lorsque la main du maître peut ne point ménager l’or, la nature se façonne et s’embellit sans rien perdre de son agreste splendeur. Tantôt les larges allées se déroulaient en méandres capricieux et ménagés comme à plaisir, tantôt elles alignaient à perte de vue leurs doubles rangées de troncs sveltes et semblaient une immense colonnade supportant une voûte de verdure.

Entre les deux paysages, il faut le dire, l’avantage ne restait point à la Bretagne.

La forêt de Villers-Cotterets fourmille de sites admirables. En descendant les ombreux sentiers qui mènent à la vallée, on songe au paradis terrestre ; lorsqu’on regagne les hauteurs, l’horizon s’étend et acquiert cette