Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/69

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L’ordre était explicite, mais la rapière de M. Nicolas était longue. Les gentilshommes ne se pressaient point d’attaquer.

Le vieux Breton ôta lentement son gant de peau de buffle qui pouvait bien peser une demi-livre.

— Il faut en finir ! murmura le régent avec impatience.

— Il faut en finir ! répéta gravement Nicolas Treml. On m’avait dit que le sang de Bourbon était un sang héroïque ; mais la renommée est menteuse, je le vois, ou bien la branche aînée a gardé tout entier l’héritage de vaillance. Philippe d’Orléans, régent de France, pour la seconde fois, moi, gentilhomme comme toi, je te provoque au combat !

Ce disant, M. de la Tremlays dégaina.

MM. les courtisans en firent autant. Les dames trouvaient que la comédie marchait à souhait.

— Soyez témoins ! reprit Nicolas Treml d’une voix haute et solennelle ; ne pouvant accuser le roi qui est un enfant, j’accuse le régent de France de tenir en servage la province de Bretagne, laquelle est libre de droit. Pour prouver la vérité de mon dire, j’offre le combat à outrance et sans merci. Si Dieu permet que je succombe, la Bretagne n’aura perdu qu’un de ses enfants. Si je suis vainqueur, elle recouvrera ses légitimes privilèges.

— Un combat en champ clos ! murmuraient ces messieurs qui commençaient à s’amuser de l’aventure. Un jugement de Dieu entre son Altesse Royale et M. Nicolas ! l’idée vaut quelque chose !

Le régent ne riait plus.