Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/70

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Quant aux dames, saisies par le côté romanesque de l’aventure, elles admiraient maintenant l’austère visage du vieillard et prenaient peut-être parti pour sa barbe blanche.

Mme  la duchesse de Berry dit à l’oreille de Riom qui était à la portière :

— Quel beau vieux fou !

— Eh bien ! reprit encore Nicolas Treml dont l’œil s’allumait d’indignation, régent de France, vous ne répondez pas !

Un silence suivit ces paroles. Chacun eut le pressentiment d’un événement extraordinaire. Au moment où le régent ouvrait la bouche pour ordonner définitivement à sa suite d’écarter le vieux Breton, celui-ci le prévint et se tourna vers son écuyer.

— Fais ranger ces gens ! dit-il froidement.

Jude poussa son robuste cheval au milieu du flot des courtisans qui, refoulés avec une irrésistible vigueur, se rejetèrent à droite et à gauche.

Durant une seconde, — une seule, — Philippe d’Orléans et Nicolas Treml se trouvèrent face à face. Ce court espace de temps suffit au vieillard qui, levant son massif gant de buffle, en frappa le régent de France en plein visage et cria d’une voix retentissante :

— Pour la Bretagne !

Trente épées menacèrent au même instant sa poitrine. Les dames purent s’évanouir. — Le dénouement surpassait toute attente.

En recevant ce sanglant outrage, Philippe d’Orléans avait pâli. Il mit l’épée à la main comme le dernier de ses gentilshommes et se précipita vers l’agresseur.