Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/72

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même supposé qu’il faudrait en venir au dernier outrage. Maintenant il comprenait. La fièvre était passée.

Comme il arrive toujours après une défaite, mille pensées sinistres se pressaient dans son cerveau. Il sentait naître en lui un doute touchant la loyauté de son parent, Hervé de Vaunoy ; et ce doute, à peine conçu, grandissait, grandissait jusqu’à devenir terrible comme une certitude. Il croyait entendre la voix lointaine du pauvre fendeur de cercles, et cette voix lui disait la ruine de sa race.

Il jeta un regard découragé vers Jude, et se repentit de lui avoir fait rendre son épée.

— Reprends ton arme, mon homme, cria-t-il. Passe sur le corps de ces valets et va-t’en veiller sur l’enfant.

Jude obéit comme toujours. Un puissant effort le dégagea des mains qui le retenaient, mais la foule s’était augmentée ; les valets et les palefreniers avaient rejoint la cour. Jude fut terrassé. En tombant, il tourna vers son maître ses yeux pleins d’une respectueuse tristesse.

— Je n’ai pas pu ? murmura-t-il comme s’il eût voulu excuser une désobéissance.

Nicolas Treml courba la tête.

— Pauvre berceau ! dit-il ; que Dieu ne punisse que moi et prenne l’enfant en pitié !

Le régent donna le signal du retour.

Tout le long de la route, il se montra d’une fort aimable gaieté. Il n’était pas méchant. Seulement, en