Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/71

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Mais il s’arrêta en chemin. La colère avait peu de prise sur cette nature où la tête dominait complètement le cœur. Il revint vers les princesses pour calmer leur frayeur.

Pendant cela, un combat inégal et dont l’issue ne pouvait rester douteuse s’était engagé entre les deux Bretons et la suite de Son Altesse Royale. Ces messieurs de la suite du régent qui, pour être de joyeux compagnons, n’en étaient pas moins de galants hommes, essayaient de désarmer leurs adversaires et non point de les tuer. Au bout de quelques minutes, Nicolas Treml, renversé de cheval, fut pris et lié à un arbre.

Il ne prononça plus une parole, et resta, tête haute, devant son vainqueur.

Jude avait encore son épée, il était entouré de tous côtés, mais non pas vaincu.

M. de la Tremlays, jugeant inutile de prolonger la bataille, lui fit de loin un signe. Aussitôt Jude jeta son arme aux pieds de ses adversaires, qui s’emparèrent de lui sur-le-champ.

À ce moment, une douleur amère et soudaine se refléta sur les traits du vieux gentilhomme qui, jusqu’alors, avait gardé l’apparence d’un calme stoïque. Un souvenir venait de traverser son âme ; il avait vu Georges qui souriait dans son berceau.

Jusqu’à cette heure, son extravagant espoir l’avait soutenu. Il avait cru forcer le régent à descendre dans l’arène et à jouer contre lui, l’épée à la main, les destinées de la Bretagne.

C’était simple et naturel à son sens. Il n’avait pas