Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/89

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masques de bronze. Ses yeux, dont la paupière est enflammée, semblent craindre l’éclat ardent du foyer et s’abritent derrière sa main noircie ; du reste, vêtu comme les gens de la forêt : bonnet de laine mêlée, veste longue en forme de paletot échancré, culottes courtes, bas bleus et souliers à boucle de fer.

Il est de taille problématique. Assis, il semble petit, mais lorsqu’il se lève pour saisir un pichet et boire à même, ses longues jambes l’exhaussent tout à coup. Dans l’attitude de son corps, il y a plus de souplesse que de force. Quant à son âge, nul ne saurait le dire. Depuis quinze ans, le charbonnier Pelo Rouan court la forêt. Tel on l’a vu la première fois, tel on le voit encore.

Nos personnages ainsi posés, nous écouterons leur conversation, car nous sommes fort dépaysés dans ce château où nous n’avons pas mis le pied depuis vingt ans.

Renée, la fille de chambre de Mlle  Alix de Vaunoy, cause avec Yvon, le valet des chiens, lequel raccommode son fouet et tresse une coutisse (mèche), que Mirault, Gerfault, Renault, etc., sentiront plus d’une fois sur leurs flancs savamment amaigris. André, le garde, frotte d’huile le ressort de son fusil à pierre. Corentin taille un battoir pour Anne, la surintendante des vaches ; l’entretien n’a rien encore de général.

Mais six heures ont sonné à la cloche fêlée du beffroi. Le vieux Simonnet, maître du pressoir, a récité dévotement les versets de l’Angelus. Un silence de quelques minutes s’est fait, pendant lequel tout le monde a prié.