Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/91

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automne, bien de l’eau passera sous le pont de Noyal, et notre monsieur dit que le temps qui court est un temps de péril.

Renée cessa de causer avec Yvon et releva la tête avec inquiétude.

— Est-ce qu’on craint une attaque des Loups ? murmura-t-elle.

À cette question, on eût pu voir le charbonnier fermer à demi les yeux et jeter à la ronde un fugitif regard.

— Les Loups ! répéta Simonnet en frappant son poing sur la table. Si j’étais seulement dans la peau de M. le lieutenant du roi, on ne les craindrait pas longtemps, les maudits brigands ! Dire qu’ils ont brûlé mon beau pressoir de Boüexis-en-Forêt !

— Volé mes vaches ! ajouta la trayeuse.

— Dévasté mon chenil ! dit Yvon.

— Braconné plus de gibier que n’en chasse en trois ans notre monsieur ! s’exclama le garde.

— Tué mes poules !

— Foulé mes guérets !

— Brisé mes espaliers ! crièrent en chœur les divers fonctionnaires de la Tremlays.

La dame Goton bourrait gravement sa pipe et ne disait rien, Pelo Rouan, le charbonnier, semblait dormir, adossé contre la paroi de la cheminée.

— Oh ! les maudits brigands ! reprit le chœur au milieu duquel on distinguait la voix flûtée et suraiguë de la fille de chambre.

Goton alluma sa pipe et lança trois redoutables bouffées.