Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/93

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— Ma mie, répondit Goton avec autorité, je suis vieille et je regrette l’ancien temps où nos dames ne prenaient point pour chambrières des mijaurées de Normandie. Laissez les Bretons répondre aux Bretons !

Renée devint rouge et ne parla plus. La conversation allait mourir ou changer d’objet, lorsque Pelo Rouan, qui avait sans doute des raisons pour cela, frotta ses yeux comme un homme qui s’éveille et dit :

— Ai-je rêvé, maître Simonnet ? n’avez-vous point dit que nous allons avoir un nouveau capitaine pour mettre à la raison les Loups que le ciel confonde ?

— J’ai dit cela mon homme, et c’est la vérité. Tant que les Loups n’ont fait que piller M.  de Vaunoy, la cour de Paris n’y a point vu de mal, mais les hardis brigands sont allés, comme chacun sait, jusqu’à Rennes, attaquer en plein jour l’hôtel de M.  l’intendant. Ils interceptent l’impôt.

— Quel dommage ! interrompit l’incorrigible Goton qui renforça son sarcastique sourire. Voler les voleurs !

— Ce sont de fiers gueux ! dit Pelo Rouan avec simplicité ; mais savez-vous quand arrive cet officier du roi dont vous parlez, maître Simonnet ?

— On l’attend, mon homme.

Pelo Rouan se leva, prit son pichet qu’il porta à ses lèvres et dit avec une bonhomie où la vieille Goton crut découvrir une pointe de raillerie :

— À la santé du nouveau capitaine !

— À sa santé ! répondirent les serviteurs de la Tremlays.