Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/111

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— Non, certes.

— Ils étaient là pour la perdre.

— Y êtes-vous pour la sauver ?

— Capitaine, répliqua le More qui revenait portant la grande boîte de Lucas Barnèse, nous causerons de cela une autre fois. Ce soir, je ne suis ni Africain, ni Espagnol, ni Français ; je suis natif de la cité de Bergame, au pays lombard vénitien, et je montre, moyennant finances, la lanterne magique, pièce curieuse qui est là-dedans. Vous m’accompagnerez en qualité de vielleux, comme Mathieu Barnabi allait accompagner M. de Saint-Venant, si nous n’y avions mis ordre.

— C’est pardieu vrai ! interrompit Mitraille, les mécréants étaient en train de se déguiser !

— Et comme vous n’êtes pas en état, comme le susdit Mathieu Barnabi, de jouer un rigodon sur cet instrument…

— Par ma foi, non ! je n’y connais goutte !

— Nous allons vous bander la main droite, et vous serez Luigi Barnèse, mon frère, souvenez-vous bien de votre nom, lequel ne peut point exercer son talent parce qu’il a reçu ce soir même une blessure au poignet.

Tout en parlant, le More avait trempé un mouchoir dans le sang qui se caillait sur le sol, et faisait deux ou trois doubles tours autour du poignet de Mitraille.

Celui-ci se laissait faire machinalement.

Le More lui mit un des deux voiles noirs sur le visage et noua l’autre autour de son front.

— Maintenant, dit-il avec un accent de bonne humeur, prenez votre vielle, capitaine, en avant !