Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/112

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Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que don Estéban, le More, quel que fut d’ailleurs son dessein, était nanti de tous les renseignements nécessaires pour jouer avec succès le rôle bizarre dont il s’affublait.

Il avait assisté d’abord à la conversation intime du conseiller de Saint-Venant avec son compère Barnabi ; ensuite il avait écouté l’entretien que ces deux respectables personnes avaient eu avec les deux vrais Bergamasques.

Une seule chose lui avait échappé, et le besoin de notre drame nous force à le noter avec soin ; c’était l’allusion faite à l’ingratitude de la reine régente par rapport au service si important que lui avait rendu madame Éliane au manoir de Rivière-le-Duc, entre Poissy et Saint-Germain.

À ce moment de leur entretien, Saint-Venant et Barnabi s’étaient par hasard éloignés de la maison en construction.

Nous ajouterons, car le lecteur peut l’avoir oublié, que ce même personnage mystérieux, le More, assistait à la scène qui avait eu lieu quelques jours auparavant dans l’antichambre de M. le duc de Vendôme, scène racontée à notre belle Pola par Mélise, et origine du duel entre M. de Gondrin et le jeune Gaëtan, n’avait entendu que la moitié de l’histoire, c’est-à-dire la portion qui permettait d’appliquer à madame la comtesse de Pardaillan cet odieux nom de Messaline.

Le dénouement vrai de l’aventure, qui n’avait point pénétré encore dans le public, pouvait lui être inconnu. Peut-être ne savait-il point qu’en tout ceci madame Éliane s’était dévouée pour