Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Regarde devant toi, répéta le More dont la voix s’étouffait dans sa gorge. Que vois-tu ?

— Par mon patron, s’écria Mitraille, je vois madame Éliane ! Je la croyais retournée à son poste auprès de ce pauvre Guezevern !

Estéban eut un amer sourire.

— Avec qui parle-t-elle ? demanda-t-il.

— Ne connaissez-vous point M. le cardinal de Mazarin ? répliqua Mitraille.

Don Estéban resta un instant silencieux.

— À notre besogne ! ordonna-t-il enfin. D’autres diraient : J’en ai assez vu. Moi, je veux une certitude !

Mitraille n’entendit point cela. Il regardait le fils de son maître, le jeune duc de Beaufort qui brillait comme un soleil de jais et qui papillonnait autour de la reine régente, en favori qui n’a déjà plus de rivaux.

Estéban avait enfin ouvert sa boîte. Il passa quelque dix minutes à disposer les lames de verre selon une idée qu’il avait et murmura :

— C’est pour elle que je vais jouer cette comédie. Allons ami, appelle les valets et qu’on prévienne la cour. Je suis prêt.