Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/125

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— Et les ministre ne se fâchent pas ? interrompit encore l’enfant.

— Ils savent trop bien, sire, répondit Gondrin en souriant, ce qu’ils doivent à la majesté royale.

— Ventre-saint-gris ! grommela M. de Vendôme, quand mon fils François de Beaufort va être premier ministre, du diable s’il se laissera bâtonner !

La porte de la salle des concerts fut ouverte à deux battants, et un huissier annonça, en cérémonie :

— La lanterne magique du roi !

Louis XIV se leva gravement, et tout le monde fut aussitôt sur pied.

Le roi prit la main de mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans, qui avait alors seize ans et pour laquelle il témoignait une prédilection marquée. La reine s’effaça en souriant, et le laissa ouvrir la marche.

Dans la salle des concerts, qui était toute noire, le roi s’assit au premier rang des gradins et plaça Mademoiselle auprès de lui, à sa droite. Beaufort, appelé, s’assit à sa gauche, puis tout le monde prit place.

Tout le monde, excepté la reine. Dans le mouvement qui se fit pour passer d’une pièce dans l’autre, Anne d’Autriche avait disparu. L’évêque de Beauvais dit entre haut et bas :

— Sa Majesté fatiguée des travaux d’État, a désiré prendre un peu de repos.

En même temps il se plaça derrière le roi avec la gouvernante et la dame pour accompagner. Il n’y avait sur le premier gradin que le fauteuil du