Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/124

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— Je suis trop heureux, répliquait cependant Gondrin, d’obéir à votre majesté. C’est une lueur… Tenez, je prie le roi de se figurer un rayon de la lune entrant par la fenêtre et éclairant un drap blanc, tendu sur la muraille.

— Je me figure très bien cela, dit l’enfant.

— Au milieu de ce rayon, arrivent tout à coup et toujours sur le drap, le soleil, les étoiles, des arbres, des fleurs, des diables… mais on peut n’en point mettre, si madame la reine le désire.

— Moi, dit le roi, je veux des diables.

Il y eut un murmure d’enthousiasme dans le salon.

— Quel enfant ! fut-il dit de tous côtés. C’est une merveille !

Et ne soyez point trop sévères. Cela se dit chez les bourgeois comme à la cour.

— Puis, continua M. de Gondrin, ce sont des bergers et des bergères qui dansent un menuet, des soldats qui passent, des gentilshommes qui courent le cerf, un mari qui bat sa femme…

— Et qui est-ce qui fait tout cela ! interrompit le fils de Louis XIII.

— Ce sont, répondit M. de Gondrin, deux hommes voilés de noir.

— Ah ! fit le roi, je voudrais voir ces deux hommes… et encore ?

— Et encore, sire, il y a toute une comédie, et j’espère qu’elle pourra divertir Votre Majesté. C’est intitulé : Arlequin roi. On le voit donner la bastonnade à ses ministres, gagner des batailles, réjouir les dames et faire, en un mot le bonheur de ses sujets.