Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/142

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par l’autre porte qu’on ne voit pas, avec son livre d’heures sous le bras : il est prouvé qu’elle sort de la mosquée. Le roi lui fait ses excuses…

— Il a tort ! interrompit ici le bambin royal.

— Ce n’est pas le roi Louis XIV ! reprit Gondrin à la volée. Changement : les souterrains du palais. Derrière cette porte garnie de fer se trouve le cachot pavé de lames de rasoir et peuplé d’aspics où est enfermée la comtesse Colombine ou plutôt Messaline. Je ne sais pas ce qu’est devenu Mezzotin. Changement : réjouissances à propos du triomphe de l’innocence de la reine, danses, équilibres, poses de caractère. Changement : l’enfer ! La comtesse paraît devant Pluton et Proserpine. Changement : les Champs-Élysées : Arlequin tantième et sa cour, après leur trépas, jouissent de toutes les félicités et parlent du jeune immortel, qui s’assied maintenant sur le trône. Divertissement général. Au rideau ! finis coronat opus.

La lanterne magique jeta une grande lueur, puis le cercle lumineux disparut, laissant la salle des concerts dans une complète obscurité. Le baron de Gondrin, épuisé, se laissa choir sur un siège pour étancher la sueur de son front.

Le roi applaudit, avant de se retirer, au bras de mademoiselle. La cour ne put faire moins que de pousser un large hourra.

L’instant d’après, il n’y avait plus dans la salle des concerts que les deux Bergamasques et leur impresario, M. le baron de Gondrin.

La lampe de la lanterne magique, qui tout à l’heure brillait d’un si vif éclat au travers des