Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/154

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le château de Pardaillan, et défendez votre dame si vous le pouvez !

Mitraille se frotta les yeux. Le More avait déjà disparu.

Mélise, sortant de sa chambrette, apporta à son père, ses habits, son harnais et un flacon de vin. En s’habillant, Mitraille disait :

— Le scélérat ! Il faut que je le tue !

Sa toilette cependant s’acheva en même temps que sa bouteille. Mélise le mena jusqu’aux écuries disant de sa douce voix :

— Vous ne le tuerez point, mon père. Il a sauvé par deux fois la vie du chevalier Gaëtan, que vous aimez. Un mystère entoure cet homme, c’est vrai, mais il est bon et j’ai confiance en lui. Allez ventre à terre jusqu’au château ! Barricadez les portes, et, puisqu’il le dit, défendez madame Éliane, fût-ce contre le roi !

Ce coquin de Mitraille se mit en selle sans trop savoir de quel côté il allait tourner.

Mais quand il eut bu le coup de l’étrier, il prit un grand parti.

— Tu as raison, fillette, dit-il. Le plus pressé est de défendre madame Éliane. Seulement elle n’est point à son château de Pardaillan, puisque je la vis hier soir chez la reine.

— Chez la reine, vous, mon père ! s’écria Mélise stupéfaite. Et comment étiez-vous chez la reine ?

— Comment ? fillette ! Sois certaine que je lui briserai le crâne un jour ou l’autre. Il est cause que j’ai aidé à une mauvaise action. En attendant, je ne saurais où prendre madame de Par-