Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/168

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— Qui sont vos complices ? demanda la reine.

— Le conseiller Renaud de Saint-Venant, répondit la comtesse, et le médecin, Mathieu Barnabi.

M. de Mazarin prit ses tablettes.

— Le vieux sorcier est usé jusqu’à la corde, murmura-t-il, mais on pourra se servir du conseiller. Le temps va venir où nous aurons grand besoin du Parlement. Poursuivez, je vous prie, madame.

— J’hésite, continua Éliane, qui était pâle et qui tremblait, à vous dire la vérité dans toute son horreur. M. de Saint-Venant était la cause indirecte de la mort de mon mari ; M. de Saint-Venant avait conçu pour moi une passion coupable.

— Ah ! fi ! dit la reine, qui prêtait l’oreille maintenant.

— Dois-je m’arrêter ? balbutia la comtesse.

— Nous sommes ici des juges, répliqua Anne d’Autriche, nous devons tout écouter. Nous comprenons qu’il vous fut impossible de résister à ce coupable Saint-Venant.

— Je lui résistai, madame, prononça fièrement Éliane, dont le beau front eut une fugitive rougeur. J’ai cruellement souffert, mais je ne suis que malheureuse.

Anne étouffa un léger bâillement.

— Cette femme doit être de mon âge, murmura-t-elle. Laquelle de nous deux est la mieux conservée, monsieur le cardinal ?

— Ma reine ! répondit Mazarin avec langueur, à quel astre voulez-vous comparer le soleil ?

Éliane, cependant, disait :