Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/198

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— Moi, de même, monsieur.

— Donc, quand nous serons de retour… À vous revoir !

— Le plus tôt possible ! À vous revoir !

Ils s’en allèrent, l’un à droite, l’autre à gauche, au moment où le More rendait son épée à l’officier des mousquetaires.

Vous plaît-il me donner votre parole ? commença l’officier.

— Je ne puis, monsieur de Mailly, répliqua don Estéban, je suis désolé, mais j’ai affaire cette nuit à plus de douze lieues de la Bastille.

Les archers l’entourèrent aussitôt.

Ils regagnèrent la rue Saint-Honoré et arrivèrent au débouché de la ruelle. Mélise sortait de l’Image Saint-Pancrace ; elle aperçut don Estéban prisonnier et demeura tout atterrée.

Don Estéban lui envoya un souriant baiser avec ces deux mots :

— Les deux autres sont en route !

Mélise rentra à l’hôtel de Vendôme. Le gardien de la porte lui dit que deux dames étaient venues demander son père et l’attendaient dans le réduit de ce dernier. Ce coquin de Mitraille, ordinairement, ne recevait pas beaucoup de dames. Mélise ne se pressa point de monter. Elle songeait, se demandant quelle était la signification de ces mots : « Les deux autres sont en route. » Le More, à qui elle n’avait pu parler, avait-il donc deviné son ardent désir ? Etait-ce donc un bon génie ?

La pauvrette se disait :

— En ce cas, la meilleure de mes trois épées restera au fourreau. Don Estéban est prisonnier.