Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/197

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En quittant la ruelle, ils s’étaient déployés de manière à former l’éventail.

Le More ne souriait plus.

— Mes jeunes messieurs, dit-il, je refuse votre aide. Je n’ai pas besoin de vous.

— Par la messe !… commença Gaëtan.

— Silence ! l’interrompit don Estéban avec autorité. Non seulement vous ne devez pas me prêter votre aide, mais encore votre devoir serait de me barrer le chemin : je suis le mortel ennemi de celle que vous servez !

— Alors, pourquoi cet avis que vous nous avez donné ? s’écria Gaëtan.

— Je la combats loyalement, répondit le More, dont le beau visage avait une expression de solennelle grandeur. Entre nous deux, je ne veux que Dieu pour juge.

— Mes mignons, reprit-il en changeant de ton tout à coup, vous n’avez plus que le temps de prendre du large. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit… et s’il vous reste un remords pour ce qui me regarde, soyez tranquilles : vous ne me reverrez peut-être que trop tôt ! Il les salua de la main et marcha droit à l’officier des mousquetaires.

Les deux jeunes gens restèrent un instant indécis.

— Monsieur Roger, dit Gaëtan, c’est partie remise.

— Monsieur le chevalier, répondit Roger, nous nous retrouverons, j’espère, en un lieu où ce brave homme-là ne viendra point nous gêner.

— Je vous préviens, monsieur, que je vais faire un voyage.