Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/21

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Éliane et pour la gentille Pola. Mélise aimait Pola mieux que la prunelle diamantée de ses propres yeux.

Ne pouvant rester avec Pola dans la maison de la béguine, Mitraille et sa fille avaient pris leur quartier à l’hôtel de Vendôme, où l’ancien écuyer avait gardé ses habitudes.

Dame Honorée, après le premier mouvement de surprise, avait fort bien reçu sa petite nièce, elle se regardait un peu comme la mère de M. le comte et de madame la comtesse : son Pol et son Éliane d’autrefois. Et d’ailleurs, faut-il le dire ? la présence de cette charmante enfant était pleine de promesses pour sa curiosité depuis si longtemps excitée. Il était impossible que Pola n’éclairât point, même à son insu, quelque côté du mystérieux drame qui se jouait au château de Pardaillan.

Dame Honorée n’avait pas mauvaise opinion de sa perspicacité. Sans interroger, sans se compromettre, elle comptait bien apprendre une foule de choses. Il ne s’agissait pour cela que de ne point hâter et de laisser bavarder l’enfant.

Dieu sait que l’enfant bavarda. Elle était tout cœur et laissait jaillir librement sa pensée. Néanmoins dame Honorée ne sut rien.

Par la simple raison que l’enfant ignorait tout.

Quand dame Honorée lui parla de sa mère, elle put voir des larmes dans les yeux de Pola, mais ces larmes souriaient. Quand dame Honorée lui parla de son père, Pola soupira et dit : « Pauvre père ! » mais ce soupir et cette exclama-