Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/217

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Assez là-dessus, ma fille, Madame la comtesse est-elle au château ?

— Depuis ce soir, oui.

— Et mademoiselle de Pardaillan ?

— La minoresse est arrivée avec sa mère.

— Et pourquoi tous les gens de justice dont tu me parles n’ont-ils pas fait leur enquête au château ?

— Ah ? pourquoi ? Voilà bien la preuve qu’il y a quelque chose : le capitaine, le coquin de Mitraille comme on l’appelle, est arrivé de Paris avant les justiciers. On ne parlait encore de rien. Il a fait barricader toutes les portes et distribuer des armes aux valets. Il a mis la grande coulevrine de la tour sur affût, en face du pont, derrière la grand’porte, et il veille à côté, la mèche allumée. Il a dit comme cela qu’il ferait sauter la maison plutôt que de se rendre.

— Et sa fille ? demanda le chevalier qui devenait inquiet à vue d’œil.

— On ne l’a point vue, répondit la Cathou.

— À moins, ajouta-t-elle après réflexion, que ce ne soit elle, le fantôme blanc qui a passé à travers les archers, après la brune, et qu’on a vu traverser le pont-levis… Ah ! ah ! vraiment, je vous le dis : ce sont de drôles de choses qui se passent chez nous, à présent ! La grande porte s’est ouverte et le capitaine Mitraille n’a point mis le feu à sa coulevrine.

— On lui a ouvert ?

— Oui, bien… et le capitaine est venu ici parler avec M. le lieutenant de roi qui a tant de plumes et de broderies. Et les dames sont entrées, j’entends la minoresse et sa mère. Si vous aviez