Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/218

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vu comme elles étaient pâles ! La comtesse a demandé au baillif et au sénéchal s’ils n’avaient point reçu l’ordre de la reine. Elle a demandé cela au lieutenant criminel et au président à mortier : à tout la monde, enfin, car cet ordre de la reine la met comme une âme en misère. Personne ne pourrait vous dire tout cela mieux que moi, monsieur le chevalier, puisque j’ai été témoin, témoin de tout. Gavache ! je n’aurais pas donné ma part d’écouter et de voir pour une promesse de mariage ! Le baillif et le sénéchal, le président et le procureur se sont mis à rire, disant : « Nous ne recevons pas tous les jours des nouvelles de Sa Majesté. Il y a bien loin d’ici jusqu’au Palais-Royal. » C’est là que demeure la reine : j’en ai appris long aujourd’hui. Alors, M. le lieutenant de roi a requis l’ouverture des portes pour lui et tous ses suivants de plume et d’épée. Ce coquin de Mitraille a dit : « Essayez, monsieur le baron ! {c’est un baron), et je vais vous mettre en capilotade. » Mais madame lui a imposé silence, disant : « Une reine ne peut pas manquer à sa parole. Nous avons toute la nuit devant nous. Si demain, à la première heure, on n’a reçu aucun message de madame la régente, il n’y aura point une seule porte fermée au château de Pardaillan. » À quoi M. le baron a répondu : « C’est bien. » Et il a ajouté, en nous parlant à tous, chapeau bas : « Mes amis, vous êtes témoins. » Alors, il a laissé entrer madame la comtesse et sa fille. Et il a dit encore : « Mes amis, demain, à la première heure, soyez tous présents pour voir passer la justice du roi !