Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/248

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Mélise n’avait plus son gai sourire d’autrefois. À la question du More son visage se rembrunit davantage.

— M. le comte de Pardaillan, répondit-elle en donnant à sa voix une inflexion particulière et sans regarder Roger, fera bien de rejoindre sa mère tout de suite. Celle-là est bien changée depuis hier. Elle a grand besoin d’être consolée.

— Mélise, dit tout bas Roger, qui s’était approché d’elle, avez-vous donc quelque chose contre moi, mon cher amour ?

Une larme vint aux yeux de la jeune fille.

— J’aimais un page qui serait devenu mon mari, répondit-elle. Voilà huit jours, on m’a dit que vous étiez un grand seigneur, et je sais bien que je suis perdue.

— Mélise, ma bien-aimée Mélise ! voulut protester le jeune comte.

— Mort de mes os ! s’écria Estéban, il s’agit bien de pareilles fadaises 1 Fillette, parlez-nous de madame la comtesse, et que cette porte soit refermée solidement.

Ils étaient maintenant tous les quatre dans un étroit préau où l’on descendait par l’escalier tournant du donjon.

— Madame Éliane, répondit Mélise, pendant que les deux jeunes gens replaçaient les barres de la poterne, est arrivée ici bien affaiblie et bien souffrante, après un voyage terrible. Un espoir la soutenait ; elle croyait trouver au château un ordre de la reine dont elle parle sans cesse, et qui serait, à ce qu’il paraît, son salut. Depuis son arrivée, je l’ai peu quittée, et ce mot est