Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/251

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Une fois entrés, tous doux se trouvèrent dans une sorte d’antichambre obscure où pénétraient les lueurs d’une lampe allumée dans une pièce voisine et plus vaste. La cloison de cette antichambre, du côté droit, était mitoyenne avec l’oratoire de la comtesse, où Roger venait d’entrer.

Au centre de cette cloison se trouvait une porte, fermée en dedans, à l’aide d’un verrou. Les fentes de cette porte laissaient voir la lumière brillante qui éclairait l’oratoire où madame Éliane, Pola et Roger ou plutôt Renaud de Guezevern-Pardaillan étaient réunis.

Les sons passaient comme la lumière.

Aussi le premier mot de Mélise fut :

— Parlez très bas, si vous ne voulez point que votre présence soit connue.

Le More montra du doigt la chambre ouverte, l’autre chambre qui était éclairée par une seule lampe, et prononça très bas, en effet :

— C’est là ?

— C’est là, répéta Mélise.

Il y avait sur le visage de don Estéban une profonde et douloureuse émotion.

Mélise reprit :

— Seigneur, je vous ai introduit ici parce que j’ai en vous une confiance dont je ne saurais point donner l’explication, mais qui est sans bornes. Autrefois, quand j’étais heureuse, j’aurais risqué mon bonheur pour le salut de ma bienfaitrice ; maintenant je n’espère plus, et si je ne suis pas encore morte, c’est que madame la comtesse et ses deux enfants ont encore besoin de moi. Avez-vous des ordres à me donner ?