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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/250

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Deux larmes jaillirent des yeux de Mélise qui murmura :

— Il ne m’a rien dit… pas un mot !

Le More lui toucha le bras.

— À nous deux, ma fille, prononça-t-il tout bas. Souvenez-vous de ce que vous m’avez promis.

— Suivez-moi, seigneur, répondit Mélise qui essuya ses beaux yeux et releva la tête vaillamment.

Avant d’obéir, le More se tourna vers Gaëtan qui restait muet depuis l’entrée au château.

— Vous, chevalier, dit-il, votre rôle n’est pas encore commencé. Vous serez l’homme de la dernière heure. En attendant, s’il vous plaît, l’épée à la main, et soyez sentinelle. Nul ne doit franchir cette porte.

Il montrait la draperie derrière laquelle venait de disparaître Roger.

— Tant que je serai debout, répliqua Gaëtan, nul ne la franchira.

Le More lui serra la main et s’éloigna, précédé de Mélise, qui avait adressé au chevalier un amical et mélancolique sourire.

— De par Dieu ! pensa Gaëtan, j’aime déjà ce Roger, mon ami d’une nuit, de tout mon cœur, mais s’il oubliait ces beaux yeux-là dans sa fortune nouvelle, ce serait à croiser l’épée contre lui pour lui rendre la mémoire !

Il était seul désormais dans la galerie.

Le More et sa gentille compagne n’avaient pas été bien loin. Ils s’étaient arrêtés à la porte la plus voisine de la draperie. Mélise l’avait ouverte, puis refermée à clef sur son compagnon introduit.