rapides qu’échangent si gracieusement les jeunes filles, et qui sont jolis comme le becquetage des oiseaux.
— Jamais ! répliqua-t-elle. Il n’y avait qu’un étage.
— Et pourquoi es-tu venue par ce chemin ?
— Ah ! pourquoi ? fit Mélise, qui s’occupait déjà à recueillir les feuilles tombées et à effacer sur le sable les traces de sa chute. Pourquoi ne suis-je pas venue du tout hier ? Pourquoi messieurs les pages ne deviennent-ils rois que dans les chansons ? Pourquoi n’avons-nous pas trente ans bien sonnés ? Pourquoi ne sommes-nous pas maîtresses de nos actions ?
Elle s’arrêta pour regarder Pola dans les yeux.
— On a pleuré murmura-t-elle.
Pola rougit, mais elle répondit :
— Tu rêves !
Mélise se mit à rire et lui donna un second baiser.
— Oh oui ! fit-elle, et bien souvent encore ! C’est si bon de rêver !
Elle prit sa compagne par la taille, et l’entraîna vers la partie la plus touffue du bosquet, disant :
— Tu peux bien m’interroger, va, j’en ai long à te raconter ; et je gage que je vais oublier au moins moitié de ce que je devrais te dire ! Mais c’est égal, il en restera encore deux fois trop.
— Vas-tu me parler de lui ? prononça tout bas Pola dont la voix s’adoucit et dont les longues paupières se baissèrent.
— Vous voyez bien qu’il y avait un maître Pol !