Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/29

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Mélise, au lieu de répondre, sembla se recueillir.

Elle était plus attrayante encore, cette singulière enfant, quand la réflexion descendait par hasard sur son front mutin et sérieux.

Certes, Pola était plus belle, Pola, svelte et fière dans sa taille, comme nous avons vu autrefois Guezevern, ce splendide jeune homme, Pola qui réunissait dans ses traits angéliques la noble franchise de son père et les grâces exquises de sa mère ; il était impossible de rien voir qui fût plus charmant que Pola, la vierge suave et hautaine avec ses grands yeux bleus au regard limpide, son brave sourire et les délices de son front encadré de merveilleux cheveux blonds.

Mais cette Mélise était un démon. Son aspect dégageait je ne sais quel attrait imprévu qui remuait et qui attirait. Elle n’était pas grande ; sa taille, modelée hardiment, avait des souplesses infinies. On eût dit parfois qu’elle allait bondir comme une biche ou s’envoler comme un oiseau. Ses traits fins et sculptés avec une délicatesse étrange se rapetissaient encore par le contraste d’une prodigue chevelure, non pas crépue, mais solide dans sa soyeuse abondance, et qui entourait son front éclatant d’une sombre auréole.

Elle ne ressemblait à personne, celle-là ; du moins n’avait-elle rien de cet excellent Mitraille, son père. Quant à sa mère qui s’en était allée, Dieu sait où, nul ne l’avait connue.

Quelques-uns savaient pourtant que ce coquin de Mitraille avait été, pendant un an, autrefois l’amoureux battant et battu d’une reine du pays