Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/288

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entre les deux pans de la draperie qui fermait la chambre voisine une haute et pâle figure dont les yeux le regardaient avec d’ardentes prunelles.

Il s’enfuit. La chambre à coucher resta vide et plongée dans d’épaisses ténèbres, car les faibles rayons de l’aube ne pouvaient point encore percer la sombre étoffe des rideaux, pendant au-devant des fenêtres.

Au milieu du silence qui régnait dans ces ténèbres, on put entendre à travers la cloison de l’oratoire la voix navrée de madame Éliane qui sanglotait et qui priait.

Puis, après quelques minutes, un œil habitué à l’obscurité décroissante, car le crépuscule se faisait peu à peu, aurait deviné un mouvement de la draperie tombant en face de l’alcôve. Elle s’entr’ouvrit. Une ombre de haute taille, drapée dans un vêtement blanc, traversa la chambre mortuaire sans bruit. Aux lueurs indécises qui combattaient les ténèbres, un objet mince et brillant comme un rasoir scintillait vaguement dans sa main.

L’ombre disparut dans l’alcôve d’où partirent des bruits étranges. On eût dit qu’une main sacrilège violait le repos du lit funéraire.

Quand le jour vainqueur, cependant, pénétra dans cette tombe, rien n’était changé dans l’apparence de l’alcôve, et le mort, voilé de noir, s’étendait toujours à la même place.

La septième heure avait tinté depuis longtemps. Il faisait grand jour. Quand la demie tinta, madame Éliane appela ses serviteurs.