Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/294

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tège Sa Majesté, nous venons accomplir un grand acte de justice, et…

Messieurs et mesdames de la noblesse, gens de la bourgeoisie et du peuple, M. le conseiller, faisant près de ma personne office de sénéchal, aura la bonté de vous dire le reste.

Renaud de Saint-Venant salua aussitôt avec beaucoup de grâce et prit la parole, pour expliquer en très bons termes que cette expédition qui, au premier aspect, avait couleur guerrière, n’était en réalité qu’une commission rogatoire, soutenue par la force publique ; commission rogatoire émanant du présidial de Rodez, sous l’autorité du Parlement de Grenoble, les gens d’armes et officiers judiciaires n’étant là que pour prêter appui à la justice, en cas de résistance ouverte.

Il expliqua en outre comme quoi M. le lieutenant de roi, première autorité de la province, en l’absence du gouverneur, n’était là que pour donner à ce grand acte d’équité la sanction royale. Ni M. de Gondrin ni sa maison ne devaient avoir aucune influence sur les décisions du tribunal délégué ; cela d’autant plus que, par un curieux hasard, M. le baron de Gondrin se trouvait être la principale victime de la supercherie effrontée commise par la veuve de Guezevern, dite comtesse de Pardaillan.

Ici un effroyable tumulte s’éleva.

— Elle est donc veuve ? s’écrièrent les uns.

— On disait qu’elle avait tué son mari ! hurlèrent les autres.

— Est-ce vrai que sa fille est une bâtarde ?