Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/293

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D’un temps, il se précipita vers l’office où il n’était point entré depuis quarante-huit heures.

En l’absence de Mitraille ce furent M. le lieutenant de roi lui-même, et M. le conseiller Renaud de Saint-Venant qui firent la police. Ces deux hauts personnages étaient assistés du vénéré docteur Mathieu Barnabi, lequel avait son utilité en pareille occurrence, car personne n’osait s’approcher de lui. On le fuyait comme si son respectable contact eût suffi à donner la peste ; il tenait lieu de balustrade.

M. le lieutenant de roi était digne et fier, portant bien la haute bonne fortune qu’il devait à la lanterne magique ; M. le conseiller était souriant, séduisant, rose, frais, charmant, et faisant grand honneur au Parlement de Paris. Autour d’eux, se pressait une véritable cohorte de gens du roi, grands et petits, depuis messieurs las baillifs et sénéchaux jusqu’aux greffiers en sabots des prévôtés villageoises.

M. le baron de Gondrin était là comme le soleil au milieu des astres inférieurs. Il portait un brillant costume de cour avec petit manteau, brodé sur toutes les coutures, et chapeau à plumail. Il éblouissait. Quand il fit un signe pour annoncer sa volonté de parler, le silence le plus profond s’établit dans la cohue.

— Messieurs et mesdames de la noblesse, dit-il, gens de la bourgeoisie et du peuple, nous sommes ici par la volonté de madame la reine régente, agissant au nom de notre sire, le roi Louis quatorzième, mineur d’âge : que Dieu pro-