Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/38

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répliqua Mélise. Je la ferai courte, mais tu l’écouteras. C’était chasse royale dans la forêt de Saint-Germain. M. le cardinal de Richelieu était à Rueil, déjà bien malade, et Sa Majesté, plus malade encore que son ministre, gardait le lit au Château-Neuf. M. le grand-veneur avait néanmoins mené la chasse, suivie par M. le duc d’Orléans, M. le prince, le jeune duc de Beaufort et M. de Cinq-Mars : M. le Grand, comme on l’appelait, qui était alors au plus haut degré de sa faveur.

La reine, en carrosse fermé, longeait lentement les allées. Tout était triste à cette cour, même le plaisir.

La chasse dura longtemps. La bête et les chiens allaient mollement, comme s’ils eussent été, eux aussi, de la cour. Le cerf vint à ses fins, vers trois heures de relevée aux buttes de Quintaine. L’hallali sur pied fut sonné à trois heures vingt minutes ; on sonna la mort à la demie.

À la mort, ce fut Gaston d’Orléans qui eut les honneurs, le roi manquant, aussi la reine.

D’autres encore manquaient. Et ne vous étonnez point, ma sœur, si je vous dis si juste les détails de cette anecdote. Ceux qui l’ont racontée, non pas à moi, mais devant moi, avaient intérêt à la bien savoir.

Parmi ceux qui manquaient étaient M. le Grand et un jeune abbé d’Italie, qui fut, quelques jours après, créé cardinal : M. de Mazarin.

Comme la chasse revenait, les princes virent de loin, dans la grande allée de Poissy, un cavalier vêtu de noir, dont le visage disparaissait