Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/44

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cardinal de Richelieu avait aussi fait de son mieux.

Les grands yeux de Pola se baissèrent, ce qui n’empêcha point Mélise de garder son malicieux sourire.

— Et vous, madame, reprit le roi, êtes-vous tombée si bas ? Découvrez-vous, je vous l’ordonne !

La dame releva son voile, et Louis XIII, qui s’était mis sur ses pieds pour dominer de plus haut la reine, recula tout décontenancé à la vue d’une figure inconnue.

— Je suis joué, murmura-t-il. Qui êtes-vous, madame ?

— La maîtresse de céans, lui fut-il répondu. Sire, je vous supplie de ne point me perdre. Mon honneur est entre les mains de Votre Majesté. Je suis la comtesse de Pardaillan.

— Ma mère ! prononça Pola en un cri de colère superbe.

Elle s’était levée d’un bond, et sa noble taille semblait tout à coup grandir.

Mélise voulut s’approcher d’elle ; mais mademoiselle de Pardaillan l’écarta d’un geste violent et dit avec éclat :

— Tu mens !

Il n’était pas facile d’éloigner cette petite Mélise. Je ne sais comment elle s’y prit, mais l’instant d’après Pola était prisonnière et pressée contre son cœur.

Pola pleurait ; Mélise avait des larmes dans son sourire.

— Ce n’est pas moi qui mens, dit-elle, c’est