Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/45

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l’histoire. L’histoire est bien telle que je te l’ai racontée. Et penses-tu que je ne respecte pas ta mère autant que toi, Pola ? Ta mère ! ma bienfaitrice et ma Providence ! Il faut que tu saches, dusses-tu souffrir et pleurer. Je te le répète : il faut que tu saches tout. Mon père ne voulait pas ; moi, j’ai voulu. Je vous aime tant toutes les deux ! Comment ne serais-je pas bien inspirée !

Pola était faible entre ses bras.

— Ma mère ! murmurait-elle, ma bonne, mon adorée mère !

Un éclair de gaieté fit briller les yeux de Mélise.

— Là où l’histoire était racontée, murmura-t-elle, il y a quelqu’un qui a dit comme toi : Mensonge !

— Qui ? demanda Pola, dont la joue pâle se couvrit de rougeur.

— Or, devinez, mademoiselle, répliqua gravement Mélise, connaissez-vous donc à Paris un si grand nombre de chevaliers errants ?

— Gaëtan ! murmura Pola.

— Juste ! et comme un démenti vaut un coup d’épée, ce pauvre beau Gaëtan a reçu son dû le lendemain, qui était hier.

— Gaëtan ! blessé ! balbutia Pola défaillante.

— Rassure-toi, chérie, dit Mélise en l’asseyant de nouveau sur le banc. Le coup d’épée était magnifique, à ce qu’il paraît, car je n’étais pas là. Mais il y avait le More qui a détourné la pointe avec son bras nu et qui a dit deux mots à l’oreille de M. le baron de Gondrin-Montespan… avais-je déjà prononcé le nom de celui-là ?