Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/52

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chose entre la pauvre dame et ce mielleux scélérat de Saint-Venant qui pèse sur elle, j’en suis sûr, mais comment ? C’est noir comme le dedans d’un four, et le diable n’y verrait goutte !

D’ailleurs, je m’étais promis de ne point te fourrer dans tout cela. Tu es bavarde comme une pie ! (voilà comment me traite mon père). Tu dirais tout à notre demoiselle. Et puisque madame Éliane s’est séparée de sa fille, elle doit avoir des raisons pour cela. Nous ne devons point aller contre.

En tout cas, voici la vérité vraie. J’étais au manoir de Rivière-le-Duc quand l’affaire arriva.

Le roi poursuivait la reine, comme l’a dit ce malfaiteur de Gondrin, à qui j’irai souhaiter le bonjour demain, à l’heure de sa rencontre avec notre ami Gaëtan. Grâce à Dieu, feu notre bon sire a passé toute sa vie à poursuivre sa femme. Quand il la trouvait, il la traitait de gourgandine espagnole ou bien il lui récitait des patenôtres. Cela ne suffisait pas à la reine, qui est une personne bien portante et de galant caractère.

Pendant plus de vingt ans, continua mon père, elle a été de ci, de là, sans faire beaucoup de mal, dit-on, et flairant la pomme du péché plutôt qu’elle ne la mordait ; Mylord de Buckingham pourrait le dire, et une vingtaine d’autres aussi ; moi, je n’ai qu’à me taire ; elle ne m’a jamais ni mordu, ni flairé.

Le roi poursuivait donc la reine qu’il croyait surprendre avec M. le marquis de Cinq-Mars, grand écuyer de France : cela sur une dénonciation de M. le cardinal de Richelieu. On