Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/54

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moment où le roi descendait de cheval. Tous deux se laissèrent poursuivre un instant et se firent prendre. La reine, grâce à moi, était déjà sur la route du château de Saint-Germain.

Telle est la vérité, ajouta Mélise, mon père a été témoin : madame Éliane s’est dévouée pour la reine.

Mlle de Pardaillan ne répondit point d’abord : sa figure restait triste, presque sévère.

— Eh bien ! fit Mélise, n’es-tu point guérie de ton chagrin ?

— Je n’ai jamais douté de ma mère, répondit Pola d’un ton froid.

Puis elle ajouta en baissant les yeux :

— Et Dieu me garde de la blâmer jamais, ma mère, ma bien aimée mère ! Mais je m’étonne qu’elle ait compromis ainsi, même pour sauver une reine, le nom que mon père m’a donné !

Mélise la regarda avec étonnement.

— Mon cœur, dit-elle en secouant sa vague émotion, car les paroles de sa compagne l’avaient frappée ; j’avoue que je n’avais point songé à cela. Après tout, je ne suis que la fille de ce coquin de Mitraille, et je ne comprends pas tous vos scrupules. Continuons.

C’était donc le lendemain que devait avoir lieu la rencontre entre ton beau chevalier Gaëtan et le baron de Gondrin. Ce baron passe pour une fine lame et pour un méchant homme. Mon père s’était couché tout inquiet.

Au matin, le matin d’hier, je le croyais parti depuis du temps, lorsque je l’entendis chanter dans sa chambre. Il était à jeun, il avait oublié.