Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon cœur, dit-elle, tu attends toujours que j’arrive à ton chevalier Gaëtan, mais c’est que j’en ai si long à t’apprendre ! Sois tranquille, cependant, ton chevalier viendra.

Et pendant que j’y songe, laisse-moi te faire remarquer une circonstance ; l’histoire de la reine, là-bas, au manoir de Rivière-le-Duc, qui a révolté ton ombrageux orgueil, a pris, depuis la mort du roi, une singulière importance. Anne d’Autriche a la régence maintenant, et M. de Mazarin est, dit-on, bien plus puissant qu’il n’en a l’air. Il y a là, je l’espère, une planche de salut.

— Ma mère est-elle donc si fort menacée ? interrompit Pola.

— Elle était menacée déjà, répondit Mélise ; elle devait être menacée quand elle répondit à la reine : « Il y a un cruel malheur dans ma vie. Il se peut que j’aie besoin tôt ou tard de la protection royale. »

Elle était menacée, mais elle te gardait près d’elle. La menace doit être aujourd’hui plus sérieuse, puisqu’elle t’a éloignée du logis paternel.

C’est un cœur vaillant. Elle a dû t’éloigner pour mieux combattre. Et c’est pour combattre qu’elle est maintenant incognito à Paris.

— Combattre ! répéta mademoiselle de Pardaillan ; toujours combattre ! Es-tu donc sûre qu’elle soit à Paris ?

— J’en suis sûre.

— Qui te l’a dit ?

— Personne.

— L’aurais-tu vue ?

— Non, mais je perce à jour le silence de mon