Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/63

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et quand il voudrait, puis il prit à part M. le baron de Gondrin et lui parla bas pendant quelques minutes.

Ce baron de Gondrin est presque un vieillard, mais il a gardé les façons d’un raffiné de la jeunesse du feu roi. Mon père, qui arrivait en ce moment, crut que don Estéban s’était mis sur les bras une fort méchante affaire et se préparait à lui servir de second quand il le vit échanger une poignée de main avec le baron de Gondrin.

Celui-ci s’écria :

— Si vous accomplissez votre promesse, mon camarade, votre fortune est faite !

Le More s’inclina froidement comme toujours, et ils se séparèrent après quelques paroles échangées encore à voix basse, qui étaient, selon toute apparence, un rendez-vous convenu.

— Que dis-tu de cela, chérie ?

Pola restait toute pensive.

— Je dis, répliqua-t-elle après un silence, que, de plus en plus, cet homme me fait peur.

— Moi, reprit Mélise avec un gros soupir, je dis que si ces trois-là s’entendaient : Roger, qui est un peu fou, mais brave comme son épée ; le chevalier Gaëtan, ce preux de la table ronde, et don Estéban, que je regarde comme une moitié de sorcier, nous aurions là, pour la bonne comtesse, une garde du corps qui vaudrait tout un escadron de mousquetaires. Seulement, ils ne s’entendront pas, à moins que ce ne soit pour se couper la gorge.

Et pendant cela, les choses marchent ; la guerre est déclarée, cette guerre sourde, invisible, dont