Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/72

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bond le sol du bosquet. L’instant d’après, il était aux genoux de Pola.

— Mademoiselle, dit-il, je ne vous demande rien, sinon le droit de vous protéger et de mourir pour vous.

Pola restait pétrifiée. Mais tout à coup un cri sortit de sa poitrine et son doigt convulsif montra une fenêtre de l’hôtel de Vendôme, ouverte sous les arbres mêmes et aux carreaux de laquelle une figure étrange se montrait ; des traits de bronze, éclairés par un regard de feu.

— Le More ! murmura-t-elle, celui-là doit être le More !

Mélise et Gaëtan suivirent son geste du regard, mais il n’y avait plus rien derrière les vitres de la croisée. Le More avait disparu.

Un grand bruit, cependant, se faisait dans le clos Pardaillan. On entendait la voix irritée de dame Honorée qui appelait sa nièce et d’autres voix disant :

— Un homme a été vu escaladant le mur du couvent. Ce doit être lui ! cherchez !

À l’endroit où nos jeunes gens se trouvaient réunis, un pan de charmille les protégeait contre le regard, ce qui, joint à l’ombrage épais des tilleuls, formait une sorte de cachette, mais on était en plein jour, et il n’y avait nul espoir d’échapper longtemps aux recherches.

— Fuyez ! dit Mélise à Gaëtan en lui montrant le mur.

Celui-ci répondit :

— J’étais venu chercher l’espoir ou la mort.

Le bruit et les pas se rapprochaient.