Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/79

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let, s’asseyait dans un coin, seul à sa table. On causait de tous côtés à la fois, et la conversation vagabonde abordait quantité de sujets. Il n’y avait que Mitraille pour rester silencieux.

— Avant huit jours, dit un page de Vendôme, M. le duc de Beaufort sera le maître. Madame la reine lui a commandé d’oublier la belle Montbazon pour l’amour d’elle.

— Le petit abbé de Gondy, racontait plus loin un laquais de la Meilleraye, a persuadé à mademoiselle de Chevreuse qu’il n’était plus temps de jouer à la poupée. Elle commence de bonne heure à chasser de race. Quant au petit abbé, il se bat tous les matins et se grise tous les soirs.

— Il sera cardinal, conclut le page de Vendôme.

— Entendîtes-vous parler, demanda la Chantereine, de ce sacrilège assaut donné aux murailles du couvent des Capucines par un certain chevalier Gaëtan ?

— Nous savons qui est ce chevalier Gaëtan, répliqua un soudard. Son père, François de Saint-Preuil, gouverneur d’Arras, avait pris la mignonne de M. de la Meilleraye. M. de la Meilleraye et le cardinal ont assassiné Saint-Preuil, en 41, par la main du bourreau.

— Tais ta langue ! interrompit le laquais du maréchal.

Il y eut un murmure. On disait :

— François de Jussac d’Ambleville, seigneur de Saint-Preuil, était loyal comme son épée et plus brave qu’un lion !

— Il n’empêche, repartit le laquais, que le jeune