Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/80

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Gaëtan a parlé de vengeance, et qu’il ne fera pas de vieux os. M. le maréchal tient l’armée du Roussillon ; la reine a besoin de lui. Je parie deux pistoles qu’avant huit jours le jeune coq aura la crête coupée.

Ce coquin de Mitraille donna un grand coup de poing sur la table.

— À qui en avez-vous, capitaine ? demanda-t-on de toutes parts.

Et la Chantereine ajouta :

— Capitaine, que faut-il vous servir ?

— Ici l’homme ! ordonna Mitraille en s’adressant au cabaretier.

L’ancien racoleur se leva indolemment.

— Plus vite ! commanda Mitraille.

— Il n’en est pas moins vrai, reprit le page de Vendôme, que maître Gaëtan court encore. Avez-vous ouï parler de cet original qu’on appelle le More, vous autres ?

— Parbleu ! fut-il répondu à la ronde.

— À l’heure où maître Gaëtan se sauvait, poursuivit le page, on a trouvé ce drôle de corps dans la galerie qui mène à l’appartement privé de M. le duc… et M. le duc croit désormais dur comme fer que le More est l’enchanteur qui lui donne la colique.

On rit un peu, mais la colique de M. de Vendôme durait depuis tantôt vingt-cinq ans. C’était un comique bien usé.

— Çà, maître Chantereine, dit Mitraille au cabaretier qui était enfin venu à l’ordre, n’as-tu point vu, ce soir, ici ou aux alentours, un personnage cuivré de peau, haut de taille, coiffé d’un