Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ce serait œuvre pie, capitaine, dit-il, que de débarrasser la ville de cette diabolique figure. Dieu sait ce que ce scélérat d’Espagnol, son maître, vient faire chez nous. La reine regarde toujours par-dessus les Pyrénées. Et si on allait nous apporter la sainte inquisition, capitaine… Soyez tranquille, aussitôt que j’aviserai le More, je vous ferai signe, et je vous servirai de second si vous voulez le mener sur le pré.

Une chose singulière, c’est que la lune, à quelques pas de là, pénétrant dans l’enceinte à jour de la maison en construction, éclairait en ce moment un être humain, immobile comme une statue, qui répondait parfaitement à la description de ce coquin de Mitraille.

Il était cuivré de peau, haut de taille, coiffé d’un turban païen et enveloppé dans un bernuz ou burnous, pareil à ceux que portent les Africains de Tanger. Il avait en outre, circonstance oubliée par Mitraille, une barbe épaisse et d’un brun fauve qui masquait presque entièrement son visage.

Cet homme semblait placé là en sentinelle. Il guettait par une des ouvertures de la muraille ce qui se passait au dehors.

Quand il s’aperçut que la lune l’éclairait par derrière, il se rangea de côté pour se mettre dans l’ombre.

Le terrain vague qu’il paraissait surveiller était en ce moment désert.

Ce coquin de Mitraille but un verre de vin. Il le trouva bon et pensa :

— Après tout, le diable n’est pas si noir qu’on