Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/114

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température modérée et calme comme la médiocrité…

— Ah çà ! Gaston, dit la princesse qui le regarda dans le blanc des yeux, quel procès plaidons-nous ? Vous avez l’air d’un avocat normand, ce matin ! Allez-vous commencer sur moi vos expériences diplomatiques.

— J’ai renoncé à la diplomatie, madame, répondit Gaston tranquillement. Ma vocation est de faire un mariage riche et de vivre dans mes terres.

— Un mariage riche ! répéta la princesse stupéfaite. Votre cousine Émerance a cent cinquante mille livres de rente, n’est-ce pas assez ?

— Ma mère aurait dû deviner peut-être, répliqua Gaston en montant pour la troisième fois la main de la princesse à ses lèvres, que si je n’ai pas montré plus d’empressement au sujet de ce mariage, c’est que j’avais en vue un autre parti plus important.

Mme  de Montfort frotta ses paupières du bout de ses doigts. Elle eut soupçon de n’être pas bien éveillée.

— Plus important ! répéta-t-elle encore, choquée par le style, peut-être, plus encore que frappée par l’idée ; en êtes-vous là, vraiment, mon fils ? Plus important ! !

— Je crois avoir été mal jugé jusqu’à présent, ma mère, répondit Gaston, et mon préambule, qui a pu vous sembler long, tendait à modifier vos opinions à mon endroit. Je ne fais que me rendre justice en vous disant que je suis un fils respectueux, soumis et tendre, mais le mariage, madame ! l’avenir tout entier !

— Je n’ai jamais prétendu vous forcer…, commença la princesse.

— Certes, ma mère, certes ; mais pensez-vous qu’il ne m’en ait point coûté pour m’éloigner du chemin que votre affection maternelle semblait m’indiquer ? Ma cousine Émerance…

— Ne parlons plus, je vous prie, de votre cousine