Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/14

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soirée seulement, sans doute : jusque-là, rien qui pût surprendre ; plusieurs des assistants se trouvaient dans le même cas.

Son costume, noir de la tête aux pieds, était de la plus rigoureuse décence et ressemblait à celui de tous les laïques présents. Pourquoi donc avons-nous prononcé ce mot : “extraordinaire” ?

C’est le secret ; on n’explique pas cela.

Sauf la pâleur de son long visage tudesque, il était pareil à tous ceux qui l’entouraient, et cependant nous avons bien dit : l’assistance fut frappée comme si une trappe se fût ouverte pour laisser passer un personnage fantastique. À peine avait-on eu le temps de jeter sur lui un regard que la lune se cacha sous un gros nuage et l’enveloppa dans l’obscurité commune.

— Je suis aux ordres de Son Excellence, prononça encore la basse-taille.

— On n’est pas plus aimable, répondit l’évêque d’Hermopolis qui ajouta en prenant la main du nouveau venu :

« Mesdames, j’ai l’honneur de vous présenter M. le conseiller privé baron d’Altenheimer, directeur général de la police de S. M. le roi de Wurtemberg…

Le conseiller privé dut saluer, je pense, mais on ne le vit pas.

–… Et frère aîné, continua l’illustre évêque, d’un jeune prélat romain, en mission à Vienne qui nous est particulièrement recommandé par monseigneur l’archevêque de Gran, primat d’Autriche et de Hongrie : monsignor Bénédict d’Altenheimer…

— Ici présent, acheva une voix de ténor, douce comme un son de flûte.

Cette voix de ténor rassura un peu nos belles dames.

— Quel genre d’histoire souhaite monseigneur ? demanda la basse-taille ; fantômes ou brigands ? Nous avons de l’un et de l’autre, dans la Forêt-Noire.