Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/174

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ajoncs se rejoignaient à quatre pieds du sol et formaient une manière de buisson impénétrable à l’œil. On serait passé vingt fois devant la touffe d’ajoncs qui masquait ce sentier sans soupçonner son existence, et ce n’était là, cependant, pour ainsi dire, que le premier anneau de la chaîne de précautions dont s’entouraient les insurgés royalistes.

Jean Brand prit la main de Sainte, et lui fit descendre la pente douce de l’amphithéâtre.

Ils arrivèrent ainsi au pied du menhir dont la tête grise s’élevait à plusieurs toises de terre. Jean Brand en fit le tour et toucha par trois fois, avec la crosse ferrée de son fusil, une pierre rugueuse et carrée qui semblait scellée dans le sol. Au troisième coup, la pierre, tournant sur une charrière intérieure, fit bascule et laissa découvert l’orifice d’un large trou.

— Mort ! cria une voix souterraine.

— Bleu ! répondit Jean Brand, achevant ainsi le juron caractéristique qui servait de mot de passe.

La pauvre Sainte s’était reculée avec effroi, en voyant la gueule béante de la caverne ; le Chouan la rassura tout doucement, et tous deux commencèrent à descendre.

— Mettez vos fusils de côté, mes braves, dit Jean Brand en voyant deux sentinelles en blouse et en sabots croiser les armes au bas de l’escalier.

— Le bedeau ! s’écrièrent en même temps les deux Chouans ; le bedeau qui revient !

Et de tous les coins de la caverne, un hourra général et joyeux répéta :

— Le bedeau !

Sainte descendait en ce moment la dernière marche ; en tournant l’angle saillant de l’escalier, elle se trouva tout à coup dans une immense salle brillamment éclairée, et remplie d’hommes armés. Plus morte que vive, elle se pressa timidement contre son conducteur.

La caverne, de forme semi-circulaire et dont les deux