Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/179

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tu raison. En tout cas, pour reculer, je suis trop avancée.

— Est-il jamais trop tard pour reconnaître ses torts ? dit Sainte.

— Pour toi, pour tout autre, non ! mais je m’appelle de Rieux, et suis seule pour soutenir la gloire de ma race. Adieu ! Sainte, tes paroles amollissent mon cœur, et j’ai besoin d’un cœur de bronze. Adieu !

Marie de Rieux déposa un baiser sur le front de Sainte, et la congédia d’un geste. Quand elle fut seule elle tomba dans une rêverie profonde et murmura machinalement :

— Paix, conciliation, pitié ! C’est là le rôle d’un ange et non d’une créature mortelle… et pourtant, c’est celui de Sainte.

Cette dernière rentra dans la caverne, et chercha des yeux Jean Brand, qui vint aussitôt à sa rencontre d’un air triste.

— J’ai interrogé tout le monde, dit-il, et personne n’a pu me répondre.

— N’y a-t-il plus d’espoir ? murmura Sainte accablée.

— Notre bande n’est pas seule, répondit le bedeau. J’irai, je m’informerai.

— Oh ! merci, merci, monsieur Brand ! s’écria Sainte. Dieu vous récompensera.

— Pensez-vous donc, dit le paysan en montrant sa poitrine, que ceux que vous appelez des brigands n’ont pas là de cœur pour aimer et se souvenir ? J’ai contracté envers vous une dette, Mam’zelle, et je vous la payerai avant de mourir.