Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

o fons amoris !


La jeune fille était Mlle  d’Arnheim, la protégée de Mgr  l’archevêque, qui ne voulait pas gagner cinquante mille francs au théâtre ; le vieillard était M. d’Arnheim. Si Mme  la princesse avait regardé en ce moment du côté de l’embrasure où se tenait son fils, M. le Marquis Gaston de Lorgères, elle aurait été très certainement frappée du changement qui venait de s’opérer dans sa physionomie. Gaston de Lorgères était, nous l’avons dit, un fort beau jeune homme, d’apparence trop timide et même un peu éteinte. Sa mère, qui l’aimait à la folie, avait néanmoins quelques doutes sur la portée de son intelligence. Elle voyait toujours en lui un enfant. Beaucoup de mères essayent ainsi en vain de déchiffrer l’âme de leur fils : livre ouvert sous leurs yeux. Ce ne sont pas ordinairement les moins doués sous le rapport intellectuel. La mère de l’ouvrier connaît toujours son Charles ou son Jean-Marie, mais il arrive, que Mme  la Duchesse puisse ignorer M. le comte ou M. le marquis.

Ce qui eût étonné Mme  la princesse de Montfort, c’était justement l’étincelle qui jaillissait du regard de Gaston, au moment où la jeune fille en robe blanche se montrait sur l’estrade.

Mgr  de Paris avait dit, en parlant d’elle : « Mon angélique protégée. »