votre récit se joignait pour moi toute une série de considérations de famille. Nous sommes, monsieur le baron, les neveux à la mode de Bretagne du feld-maréchal Victor de Rohan, prince de Guémenée, duc de Rohan, de Bouillon et de Montbazon, qui, actuellement, réside en Hongrie…
Altenheimer s’inclina.
— Et du chef de feu la duchesse, poursuivit le jeune marquis, morte sans enfants, comme vous pouvez le savoir, nous possédons là-bas vers Debreczin, quelques propriétés qui ne laissent pas que d’être considérables…
La princesse se disait :
— Ah çà ! que lui raconte-t-il donc ? M. le baron a l’air de lui prêter grande attention !
Ce n’était que la pure vérité : M. d’Altenheimer était tout oreilles, Gaston poursuivit :
— D’après certaines digressions qui ont ajouté beaucoup pour moi au piquant de votre récit, j’ai vu que vous vous plaisiez à cacher sous le frivole esprit du conteur un grand fonds de science solide…
— Ah ! monsieur le marquis !…
— Veuillez permettre… Ceci n’est pas du tout un compliment, mais bien une transition pour arriver à réclamer de vous un bon office.
— Entièrement à vos ordres ! dit le baron.
— Mille grâces… Il s’agit de nos propriétés de Hongrie… Mon frère, M. le duc, a fait quelques imprudences de jeunesse, et comme il avait une portion de son bien vendue, il a pu grever d’hypothèques sa terre de Niszar. Il y a sept cents lieues de Paris à Debreczin. Sans accuser les hommes d’affaires allemands ou hongrois, je pose le fait : la terre de Niszar a été vendue aux enchères publiques pour payer les créanciers hypothécaires.
— Combien y a-t-il de temps de cela ? demanda vivement le baron.