Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/8

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dont la pierre pût rester scellée : il n’y avait pour cela ni plâtre moderne ni antique ciment. Minuit soulevait tous ces marbres mobiles, et chacun pouvait voir, quand la lune voilée mettait parmi les ténèbres ses confuses clartés, la longue procession des morts aller, silencieuse et lente, au rebours du courant, vers les monastères de Vitry.

Mgr de Quélen, tout le monde le sait, était non seulement un prélat fort éminent, mais encore un parfait gentilhomme. Sa munificence à l’égard des pauvres, qui est désormais un fait historique, entravait ses goûts de représentation et de grandeur ; mais tenant, comme nous l’avons dit, par des liens de parenté à toute la haute noblesse, il ne pouvait clore ses salons. Ses réceptions étaient très recherchées, surtout celles qui avaient une couleur d’intimité. Toutes les nuances de l’opinion royaliste trouvaient chez lui un champ libre et neutre, bien qu’il fît au gouvernement de la Restauration une opposition assez vive, au sein de la Chambre des pairs.

Notre histoire se passe en 1825 : il avait alors de quarante-six à quarante-huit ans. C’était bien véritablement l’apogée de sa carrière, soit qu’on le prenne comme primat effectif de l’Église de France ou comme homme politique.

Pour que rien ne manquât au lustre qui l’environnait, l’Académie venait de lui ouvrir ses portes.

Il avait une habitude bien connue, ce prélat dont quelques misérables, insultant au vrai peuple en prenant le nom de peuple, devaient incendier la demeure au lendemain de la révolution de juillet ; il s’était fait une règle de distribuer aux pauvres, après chacune de ses réceptions, une somme égale aux frais de sa fête. J’ai ouï dire à bien des gens qui jamais ne donnent rien : « Il eût mieux fait de donner le double et de ne point recevoir ».

Peut-être. Il faudrait pour composer un jury capable