Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/139

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— Allons, mes bons amis, poursuivit le bandit, je ne serai pas si méchant que le gouvernement, moi… Je ne vous demande rien, sinon ce que vous avez dans vos poches.

Il arma le fusil qu’il tenait à la main, et ajouta :

— Vous autres, mes enfants, ne bougez pas, mais tenez-vous prêts à faire feu.

Ses soldats, modèles de discipline militaire, ne firent pas un mouvement.

Robert et Blaise ne répondaient point.

— Eh bien ! s’écria le uhlan d’une voix terrifiante, pour avoir votre bourse faudra-t-il prendre votre vie ?

Un bruyant et franc éclat de rire accueillit cette sanglante menace. Blaise ne comprenait point. Quant aux brigands subalternes, ils gardaient imperturbablement leur immobilité grave.

— Ah ! Bibandier ! mon pauvre Bibandier !… s’écria enfin Robert, comme tu es volé !

— Bibandier !… répéta Blaise stupéfait. Pas possible !

Le général en chef des brigands avait tressailli à ce nom.

— Il me semble que je connais cette voix-là…, grommela-t-il. Ah ! satané pays !… on y trouve jusqu’à des amis !…