Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/181

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L’oncle Jean ressemblait à un homme qui n’en croit pas le témoignage de ses oreilles.

Il s’était levé à demi, et s’appuyait des deux mains à la table. Ses yeux bleus, timides et doux d’ordinaire, se fixaient maintenant sur l’étranger avec une inquiétude avide.

Robert mettait toute sa force à contenir l’expression de triomphe qui voulait envahir ses traits. À voir la tranquillité heureuse de la famille, il avait douté un instant de l’arme qu’il avait entre les mains.

À présent, plus de doutes ! L’arme était bonne et savait le défaut de tous ces cœurs !

Il releva la tête. Son œil était sévère et froid comme celui d’un juge.

On entendait, dans le silence, les respirations courtes et oppressées.

— Ai-je bien entendu ?… dit enfin l’oncle Jean dont l’émotion étouffait la voix ; a-t-on parlé de Louis de Penhoël ?

— J’ai parlé de l’aîné de Penhoël, répondit Robert de Blois.

— Et vous avez prononcé le mot d’oubli ?… reprit le vieillard dont les yeux se mouillèrent de larmes. Oh ! il y a ici plus d’un cœur qui garde son souvenir !

René l’interrompit ; l’effort qu’il faisait pour parler était visible.